Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 17:34

th--65-.jpgth--91-.jpgth--31-.jpg                                                 " Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es"

 

 

Je me rappelle que-en pleine guerre-quelques temps après l'attaque du FPR sur la préfecture de Byumba, et sa prise qui s'en était suivie, la télévision rwandaise avait tenu un débat politique entre les férus du hutu power, à savoir la CDR( Coalition pour la Défense de la République) représentée par Jean Bosco BARAYAGWIZA et Stanislas SIMBIZI, d'une part, et l'opposition acquise à la cause FPR, représentée par Faustin TWAGIRAMUNGU du MDR, d'une part. Faustin TWAGIRAMUNGU, alors premier ministre désigné suite aux accords de paix d'Arusha, avait été officieusement considéré ennemi national numéro 1, de l'intérieur du pays, pour avoir dit en public que même si BYUMBA tombait dans les mains du FPR cela importait peu car le FPR avait été reconnu comme un parti politique progressiste qui faisait usage de son aile militaire comme ultime recours pour libérer les masses populaires subjuguées par le régime discriminatoire de Habyalimana. Ce qui était vrai, en quelques sortes, et bon motif à brandir en face de la communauté internationale. Acculé par les accusations-questions de ces célèbres avocats du hutu power, et par le journaliste Vénuste NSHIMIYIMANA- au micro duquel le débat devait avoir lieu- et qui, tout inconsciemment semblait  de connivence avec la CDR. À l'époque, d'ailleurs, beaucoup de gens faisaient montre de supporteurs de la cause hutu power par conformisme ou juste par survie sociale, à l'exception de quelques audacieux qui avaient, dans la foulée, payé cher le fait d'avoir affiché, au su et au vu de tout le monde, leur sympathie à l'égard du FPR. Faustin TWAGIRAMUNGU avait fini par déclaré qu'il serait déplorable si les propos d'un politicien belge qui avait dit que " il semble qu'il n'ya pas de politiciens au Rwanda" allaient s'avérer confirmés par le comportement des membres de la CDR qui, jusqu'en ce jour-là, faisaient allusion au FPR par le terme d"inyenzi". Aujourd'hui même, quand je lis ou j'écoute à la radio le cas Victoire INGABIRE, dans mon esprit, je me pose la question de savoir si le régime de Kigali, -avec un dictateur comme Paul KAGAME qui bat le record du non respect des droits de l'homme et du citoyen- a, en son sein, des conseillers politiquement intelligents. Cette dame a eu un courage extraordinaire de venir se poser en challenger contre Paul KAGAME. Son acte constituait un coup de publicité en sa faveur vu le fait qu'elle avait, jusque là, été inéxistante sur la scène politique du Rwanda. Le pays en arrive au degré"iwandabaga". Vu le caractère phallocratique revêtu par la société rwandaise, il est hors du commun qu'une dame se livre en martyr social pour venir à la rescousse de son peuple, et essayer de le dégager de l'emprise d'un régime-état policier presque aux abois. Et on ne pouvait pas facilement penser à une autre version"Agathe UWILINGIYIMANA ", dans si peu de temps..... Comme une personne dans une maison en paille qui prend feu- pour reprendre les propres mots de Kagame- , le pays en arrive à se vouer à tous les"saints" en son sein. Victoire INGABIRE dit clairement, et sans équivoque, ce qu'elle pense être le mal socio-politique rwandais, et propose des solutions. Elle est victime de ses visions non manichéennes car elle aspire à une transformation inclusive du conflit rwandais par un processus de résolution ad hoc, résolution qui se voudrait vraie et réconciliante. En effet, elle est convaincue que:

- il revient aux rwandais d'imposer le changement.

- sa formation politique doit être enregistrée, et, partant, il serait de même pour toute autre eventuelle formation politique.

- l'opposition doit être reconnue à l'intérieur du pays, car elle ne l'est que sur papier, juste au service du FPR.

- il doit y avoir une clarté sur certaines accusations utilisées à tort et à travers pour museler l'opposition.  

- que le droit de mémoire revient à tous, ainsi qu'une justice équitable et la réconciliation nationale qui commencera par un vrai dialogue inter-rwandais.

Bien sûr, ceci ne fait pas bonne musique aux oreilles de Kagame et ses acolytes. Et regrettable en est que les super maîtres de la démocratie et des droits de l'homme ne pensent peut- être qu'il soit le moment propice pour pistonner ce bout de dame. Vraiment à envier, la vertu d'audace qui marque cette dame qui ose jouer la vraie citoyenne, nationaliste et patriote en descendant sur Kigali, un champs pratiquement politiquement miné contre elle ou tout autre opposant à calibre..... J'avoue que cela n'est pas donné à tout le monde. Encore, chapeau  madame ! Si le régime de Kigali  continue à la malmener, et si pire encore, quelque chose de sinistre lui arrive, cette dame aura le mérite de se voir élévée au rang des grands défenseurs universels des droits de l'homme et du citoyen, tels les Mandela, Ghandi, Lumumba et autres......Les régimes se suivent et se ressemblent. Vers les années 80, le journaliste Philibert RANSONI avait causé un tollé en écrivant dans Kinyamateka un article qui disait que faire le culte de la personnalité au président de la république reviendrait à préparer sa ruine. Et depuis lors, cet homme avait passé de bon journaliste à " persona non grata" et sa fin avait été certaine. Pouvez-vous imaginer celui qui a été le premier à le fustiger en public, par écrit, soutenant la thèse des "abaryankuna b'umwami"? Eh bien, c'est Monsieur Christophe MFIZI, alors directeur de l'office rwandais d'information, qui avait fait preuve de thuriféraire impénitent, pour enfin faire un "contre-pied" quelques années après, quand il démissionnait du MRND, en 1992, accusant, à raison, le président HABYALIMANA et la clique" réseau zéro" de conduire le pays dans un gouffre. Le caractère " troubadour" et ésotérique inhérent aux sphères politiques dans le contexte rwandais se vit à chaque fois qu'un régime succède à un autre. Soit parce que  les proches de la magistrature suprême ne veulent ou ne peuvent pas s'attirer les foudres sur leurs têtes en faisant savoir à celui qui préside aux destinées de tout un peuple la vérité vraie. Les conseillers préfèrent dire cette vérité là, la bonne à écouter, évitant ce qui ne fait pas plaisir aux oreilles du "père de la nation". Encore, question de survie socio-politique? Oui, bien sûr...si ce n'est pas du " ôtes-toi de là que je m'y mette", c'est tout simplement les alliances mouvantes, le cas du" on sèche ses habits là où le soleil brille". Et on pourrait se demander si les acteurs politiques dans les pays sous développés en général, et au Rwanda en particulier, ont un peu de conscience ? Il semble que dans toutes les dictatures du monde, suite à toute une complication de facteurs, les intellectuels académiques préfèrent passer pour des ignares en sciences politiques et relations internationales pour continuer à asseoir les pouvoirs qui leur mettent du pain sur le plancher. Un philosophe avait dit que:" Après les perles et les diamants, ce qu'il y a de plus cher, c'est l'esprit de discernement." Qui a cette grâce de l'esprit de discernement est à même de savoir décrypter les signes des temps, et à temps. Malheureusement trop peu d'hommes politiques font montre de cet esprit là, et le moment viendra où les excuses ne seront plus permises, ni une quelconque sortie honorable. Et la seule garantie ne pourra être qu'une mort ignominieuse à la kaddhafi, ou une déchéance politique à la bagbo. Entre temps, à Kigali, sans le savoir ni le vouloir, les politiciens- ou bien les guignols de Kagame- peuvent continuer à faire en faveur de Madame Victoire INGABIRE une publicité tous azimuts, gratuite et, tout de même, méritée. Encore une fois, madame, tiens bon, et reste rassurée de la victoire du bien sur le mal.

 

 

Mayele Deogratias KAREGEYA

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires